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Les derniers mots de Thelonius le Scribe : Partie III

Thelonius, The Great Surge (III.1)Thelonius, The Age of Legends (III, 2)

Ceci est une traduction réalisée par la communauté. Un grand merci à Elator !

Le Grand Déferlement (~1930 à ~1950)

C'était le Grand Déferlement, une époque où les démons se promenaient effrontément dans la Création. Les villes brûlaient. Les chants étaient réduits au silence, l'amour était perdu, les héros s'élevaient et brillaient pour un moment fugace avant d'être dévorés et, pendant un certain temps, il semblait que les ténèbres avaient gagné.

C'est alors qu'au milieu de ce chaos ardent surgit le cinquième rédempteur, Armozel, septième fils d'un charpentier gothien. Prodige de l'alchimie et de la géométrie sacrée, il découvrit comment imprégner les métaux d'un esprit divin, fabriquant des armes et des armures comme l’on en avait jamais vu auparavant. Bien que respecté en tant que forgeron, son véritable génie résidait dans l'invisible, ses mains étant guidées par l'ordre caché du Divin, les lois des éléments, les motifs des Lignes de Ley et la pulsation silencieuse de la Création elle-même.

À trente-quatre ans, il entra au service du roi d'Anatolie et, pendant onze ans, façonna non seulement des armes et des forteresses, mais aussi la stratégie, l'érudition et l'art de la guerre. Bien qu'éclipsée par la splendeur de l'Atlantide et l'orgueil d'Hélios, l'Anatolie a perduré. Son peuple, façonné par les épreuves, est devenu l'un des derniers grands bastions de la volonté humaine. Les enseignements d'Armozel se répandirent rapidement dans ses grandes salles et ses forteresses montagneuses.

Lorsque la Grande Déferlante commença, c'est Armozel qui l'avait prévue et qui prépara la résistance initiale. De tous les royaumes, des guerriers se rallièrent à sa bannière, dont la vue leur insuffla l'inspiration divine et la bravoure, et c'est ainsi que naquirent les Fils de la Lumière.

Alors que la tempête démoniaque s'intensifiait et se propageait, Axis Mundi, ancienne et sanctifiée, ouvrit ses portes et la ville devint un sanctuaire pour tous. Alors que la déferlante engloutissait le pays, des milliers de personnes se réfugièrent dans ses flèches, non seulement des gens du peuple, mais aussi des guerriers, des sages, des artificiers et des fidèles. L'Arbre divin, longtemps flétri, qui se tenait au centre du Sépulcre de l'Amour, devint un objet de pèlerinage. Son tronc s'enveloppait de barrières, ses branches s'alourdissaient sous les prières et ses racines s'abreuvaient de larmes de douleur et de chagrin. Mais on raconte qu'après l'entrée d'Armozel dans la ville avec sa légion étincelante, des larmes d'espoir furent versées sur l'arbre, le remplissant de vie et de fleurs.

L'un après l'autre, les grands royaumes tombèrent et Axis Mundi elle-même fut encerclée. Mais alors que ses murs tremblaient sous le poids des légions de l'enfer qui s'attaquaient aux vieilles pierres, Armozel se tint défiants et, avec ses paladins, repoussa tous les assauts démoniaques, plus vicieux les uns que les autres. Certains disent que Lilith elle-même a mené les dernières charges sur les murs, couronnée d'os et de brume. Mais la vérité s'est perdue, comme les vérités sont invariablement destinées à le devenir, dans les flammes de la guerre.

C'est alors que Phaionios, l'archange de la flamme et Quatrième Rédempteur, descendit du Ciel, imprégné de la colère divine. Les puissantes portes de l'Axis Mundi s'ouvrirent et les hordes de démons se turent lorsque le séraphin de feu apparut. Devant lui, le feu et la fureur, dans son sillage, les Fils de la Lumière dans toute leur gloire, et dans ses mains, une arme divine d'une dévastation inégalée qui écrasa d'un seul coup la horde de démons, envoyant des vagues de feu divin émanant de l'Axis Mundi et finalement dans toute la création, comme des ondulations dans un étang. Des milliers de réfugiés, de paladins et d'artisans ont été pris dans le brasier, leurs âmes ne reposant jamais en paix. Seule l'Anatolie fut épargnée.

Le feu divin ne brûle pas seulement les éléments, il détruit aussi les esprits et, en dévorant les légions de l'enfer où qu'elles se trouvent, il a aussi marqué la terre. De l'Axis Mundi aux cœurs de la Gothie, de la Gallia et de l'Ibérie, de vastes régions sont devenues dépourvues d'esprit : les terres hantées. Invisibles aux yeux des Divins et négligées par les forces du Mal, ces régions sont aujourd'hui principalement habitées par des âmes perdues et quelques animaux égarés.

Le vent tourne. Le savoir-faire divin d'Armozel et la colère céleste de Phaionios forgèrent une alliance sacrée, déterminée à traquer les restes du Mal, où qu'ils se trouvent. Le séraphin Phaionios, rayonnant et vénéré, et Armozel, le génie mortel. Mais au cours de ces épreuves, ce dernier devint universellement reconnu par les fidèles et, lorsque le moment fut venu, il fut élevé par le Divin pour devenir le Cinquième Rédempteur.

Leur croisade devint légendaire. Ensemble, ils rallumèrent l'Ancienne stèle, permettant aux guerriers déchus de se relever. Ils élevèrent des tours de guet aux confins des terres connues, construisirent des forteresses pour garder les frontières de chaque province, tandis que le Mal était déraciné et que les chemins du monde souterrain étaient scellés.

Ce fut la Première Croisade, qui sauva l'humanité de l'anéantissement.

Finalement, Phaionios brûla les dernières portes démoniaques, canalisant le feu divin dans les failles, tandis qu'Armozel forgeait les sceaux interdisant leur retour. Puis, aussi majestueusement qu'il était apparu, Phaionios s'en alla, ses ailes reflétant la lumière dans les cieux tandis que les trompettes divines sonnaient l'adieu.

Mais l'Axis Mundi en avait payé le prix. Ses portes étaient noircies, son air âcre et vicié et ses lignées brûlées. Ceux qui avaient survécu à l'assaut final disaient que ce n'était plus une ville, mais un sanctuaire du sacrifice consenti pour débarrasser le monde du Mal. Après le Déferlement, la ville fut abandonnée, non pas dans la douleur, mais dans le recueillement. Personne n'osa la reconstruire avant des siècles.

Pour Armozel, l'histoire ne s'est pas terminée en triomphe.

Des décennies après la croisade, l'Orgueil prit racine dans son cœur. Tenté par le Trompeur sous les traits d'un ange, il rallia une dernière fois les Fils de la Lumière et les conduisit dans les profondeurs du Mont Medula, à la recherche d'une gloire cachée et de trésors interdits.

Aucun ne revint.

Armozel, autrefois artisan du salut, disparut dans l'ombre, son destin étant un écho solennel des péchés mêmes qu'il avait autrefois combattus.

Thélonius le Scribe


L'Âge des Légendes (~1950 à ~2350)

Le monde ne s'est pas rétabli rapidement et la dévastation qui a suivi la Première Croisade a perduré pendant des siècles. La Grande Déferlante avait laissé la Création brûlée et endeuillée. Les anciennes cités d'Atlantis, d'Helios, de Carpathia et de Thulé gisaient dans les ruines ou dans l'ombre. Pourtant, sur les cendres de cette splendeur déchue, de nouvelles histoires s'écrivaient.

C'était l'Âge des Légendes.

Les connaissances apportées par Phaionios et Armozel perduraient, transmises par des survivants dispersés mais déterminés, écrites dans des salles en ruine, gravées dans des reliques de pierre incandescente. Leur géométrie sacrée, leur métallurgie divine, leurs rituels de lumière et de protection sont devenus les fondations sur lesquelles un monde blessé a pu guérir et se reconstruire. Non pas dans le marbre, mais dans la volonté.

Des congrégations de croyants sont apparues, dispersées et souvent en désaccord, mais se tournant toutes vers le ciel pour être guidées. En l'absence d'une royauté centrale, des seigneurs de la guerre s'élevèrent, certains cruels, d'autres nobles, d'autres encore oubliés. La terre fut divisée en de nombreuses cales et donjons, gouvernés par l'épée et le pacte, pillés par des monstres qui n'étaient pas retournés en enfer, mais qui vivaient au fond des bois et dans les grottes les plus profondes.

Ce fut une période de restauration, mais aussi une période de hantise.

Dans toute la Création, il y avait des endroits que le Grand Déferlement avait touchés trop profondément, des terres où le voile entre l'esprit et la chair s'était déchiré. Dans ces régions hantées, les fantômes ne pouvaient pas passer dans l'Au-delà. Ils erraient, perdus dans le chagrin, la rage ou la confusion, liés aux champs et aux ruines, comme des souvenirs qui refusaient de mourir. Ces terres sont toujours présentes, même aujourd'hui.

De grands noms sont nés de cet âge brisé. Des héros dont les actes ont survécu à leurs os.

Arthur, Roland, Moyra, Siegfried, El Cid, Almanzor et Maven n'étaient pas seulement des rois ou des reines, mais des symboles. Des incarnations du sacrifice et de la souveraineté, de la force et de la douleur. Ils ont tenu la nuit en échec, tué des horreurs nées de péchés anciens et construit des royaumes sur une terre craquelée. Certains sont morts en triomphe. D'autres ont disparu dans le mystère. Leur héritage est devenu la lumière que nous portons dans nos heures les plus sombres.

Et puis, d'un lieu sans trône ni bannière, vint une autre lumière, douce, stable et durable.

Oroael, le Sixième Rédempteur, n'est pas arrivé par des flammes ou des miracles. Il a parcouru le pays en enseignant, et non en conquérant. Il a parlé d'équilibre et de paix, de saisons et de cadeaux, de travail et de dévouement, de gentillesse et de force. Il ne nous a pas donné de murs, d'armes, d'empire, mais les outils pour vivre une vie digne.

Et les gens ont suivi.

De sa sagesse sont nés les premiers monastères, creusés dans d'anciens lieux de pouvoir. Ses disciples élevaient des sanctuaires et des jardins, enseignaient la guérison, la musique, les écritures et le travail sacré. Son calendrier ordonnait les jours, ses prières saluaient le lever du soleil et le lever de la lune. Il nous a donné les Règles de vie, non pas sous forme de commandement, mais avec clarté. Et bien qu'il n'ait jamais dirigé une nation, ses paroles ont gouverné les cœurs des nations à venir.

Aujourd'hui encore, dans des coins oubliés du monde, ses enseignements résonnent comme des cloches dans la pierre profonde.

L'âge des légendes ne s'est pas achevé dans le silence. Il s'est achevé par la plantation de graines et la croissance de jeunes arbres qui porteront des fruits pour les générations à venir.

On dit que si vous écoutez le vent à l'aube, lorsque la brume est épaisse et que le monde se remet encore du froid de la nuit, vous entendrez peut-être les histoires de cette époque, chuchotées par les fantômes, chantées par les moines et remémorées par les âmes du passé.

Thelonius Le Scribe

Credits, paintings: The Great Surge - The Great Day of His Wrath, John Martin, 1851 The Age of Legends - The Valkyrie's Vigil, Edward Robert Hughes, 1906