La naissance du Divin et des éléments de la Création
Au commencement, tout n’était qu’esprit. Alors vaste spectre, atemporel et informe. L’esprit dérivait au hasard et sans but Comme plongé dans une éternelle torpeur.
Puis, comme émergeant du sommeil, Une pensée jaillit de ce corps ténébreux. Et la lumière fût. Une lumière riche de sons et de refrains. Et ainsi, de l’esprit, naquit le Divin. Par la lumière, l’esprit fut scindé et prit forme, Brisant alors les ténèbres du néant. Puis, de tout son être, l’esprit vacilla Tandis que le Divin, pour la première fois, inspira. En un souffle, l’Air fut créé. Un vent puissant balaya l’abîme L'ordonnant dans l'espace et le temps C'était le souffle de la vie. Indomptable et espiègle, l’Air demeurait infertile. Alors, dans son deuxième souffle, Le Divin créa l'Eau. C'était le souffle de la joie. L’Eau et l’Air s’amusaient ensemble Joueurs et changeants, adaptables et ductiles, Ils étaient différents, mais si proches. Promis l’un à l’autre, le Divin les unit. L’Air et l’Eau formèrent un tout. Et de leur union, le Divin imagina les fruits. Ici, une pluie lyrique, là, un brouillard virevoltant. Ici, une bourrasque diluvienne, là, un givre haletant. Comme des rebelles belliqueux Ils n’adhéraient à rien. Insouciants, ils ignoraient, ces vauriens, Que le firmament exigeait loyauté et sérieux. Alors, dans son troisième souffle, Un souffle long, lourd, abyssal, Le Divin créa la Terre. C'était le souffle de l’équilibre. La Terre était dure et robuste, Taciturne, aride et imposante, Parée à enfanter, Et un terreau pour la Création. Au rythme de l’Air, elle dansa. Au rythme de l’Eau, elle chanta. La Terre fit la rencontre de l’Air Et de joie fit résonner le clapotis de l’Eau. Leur symphonie créa le tonnerre Qui déchira le ciel, la terre et la pierre. Entraînée par ce tempo grondant, la surface se rida Se parant de plis et de failles. L’Air y insuffla la vie L’Eau l’inonda de sa joie Et la Terre s’éveilla. Ainsi, le Divin les unit. Bientôt, l’Eau, l’Air et la Terre formèrent un tout. De leur union, le Divin imagina les fruits. Il dessina les cavernes, les cascades et d’immenses crêtes Fit tomber la pluie, la neige, en avalanches et tempêtes. Tout était beau, tout était grandiose Bien que rude et menaçant. C’était presque parfait. Seulement, c’était froid et inhospitalier. Le Divin, dans un nouvel élan d’inspiration Libéra un souffle, plus fort encore Un souffle puissant, profond et brûlant. C'était le souffle du pouvoir. L’Eau, l’Air, la Terre et le Feu ne firent plus qu’un. De leur union, le Divin imagina les fruits, Des êtres vivants, délicats et organiques. Et ainsi, la faune et la flore emplirent la Création de chaleur et de désirs. L’univers célébrait, chantait et dansait furieusement. Et parce que l'harmonie régnait, tout était parfait. Le premier monde était né. Le Divin le vit et il vit que cela était bon.