Pax Dei
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Adversaires, partie 1 - La Tour

La tour appelle et, à minuit, je m’unis à l’éternité. Ma garde sera relevée pour la dernière fois, et mon Maître rallumera le désir insatiable qui ronge et enflamme mon corps mortel.
Une promesse est exaucée.
Ere était mon nom. Mon annonciation m’a offert l’appel de la faim, le délicieux vide qui jamais ne se remplit, une soif jamais étanchée, un appétit qui a vu la fin de mes voisins et de ma famille. De mes enfants. Qui a mis fin à l’histoire de Verte Forêt et de son peuple, de tous ceux que j’ai jamais connus ; de ceux qui m’appelaient leur frère. Et la gourmandise ne trouve jamais le repos. Avant de trouver ma place ici, j’ai trouvé bien des fermes et des villages où il ne reste aujourd’hui plus personne pour se souvenir.
Quelle félicité.
Alors que les dernières heures de mon inassouvissement terrestre s’écoulent, je ferme les yeux et observe la fange. Je m’abreuve des sons apaisants et délicieux de ces hommes et ces femmes qui dévorent, rongent, grincent et grognent, qui se gavent jusqu’à satiété de leur âme flétrissante. Mes narines sont emplies du parfum toxique de viande en putréfaction, de légumes pourris, de moisissure et d’humidité.
C’est élyséen.
La tour. Sa lueur danse. Les insectes grouillants rampent partout sur ma peau et brillent d’un nouvel enthousiasme. Les sons profonds, moelleux, humides et vifs des corps des tâcherons se faisant lentement écarteler peuvent être devinés dans la cacophonie de cris doucereux et réconfortants. La tour est en flammes. Le duc Lamalon arpente cette terre à nouveau.
Il est temps.

- Le gardien Montel ~ La nuit précédant la Nuit Éternelle
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